
Retour de Jésus et enlèvement de l’Eglise: Supercherie?
A l’aide de plusieurs articles et documents tous consultables sur internet, je vais essayer de vous reconstituer les faits. Quand est née la croyance futuriste? Puisque c’est ainsi qu’on l’appelle généralement les doctrines liées au retour de Jésus et à l’enlèvement de l’Eglise.
Genèse
Pour contrer l’influence grandissante de la réforme protestante et notamment les propos de Martin Luther qui désigna la cour de Rome comme le siège de l’Antichrist foi 1518, le Pape Léon X a autorisé trois jésuites à réinterpréter les prophéties eschatologiques. Cela comprend les 70 semaines de Daniel, le livre de l’Apocalypse et d’Ézéchiel.
Le but est simple, faire en sorte que ces accusations d’antechrist portées contre la papauté soient détournées ailleurs. Les trois jésuites en question sont :
– Francisco Ribera (1537-1591) de Salamanca
– Luis de Alcazar (1554-1621) de Seville
– Cardinal Roberto Bellarmine (1542-1621) qui était un disciple de l’école de pensée de Ribera.
Le premier a avoir dégainé la vision futuriste est Fransisco Ribera dans ses commentaires de l’apocalypse qui furent publiés en 1591 dans l’oeuvre « In Sacram Beati Ionnis Apostoli & Evangelistate Apocoalypsin Commentari ». La manoeuvre consiste à dire que les prophéties de l’apocalypse ne concernent en rien les temps actuels, donc le moyen-âge et la papauté mais des évènements futurs et que seuls les chapitres introductifs concernent la Rome antique. En 500 pages, ce jésuite propose (ou impose) les éléments suivants comme devant arrivés avant le retour du Seigneur: Persécuter et blasphémer les saints de Dieu, reconstruire le temple à Jérusalem, abolir la religion chrétienne, nier Jésus Christ, détruire Rome, être reçu par les juifs, prétendre être Dieu, tuer les deux témoins de Dieu, conquérir le monde. Il fonda également l’école futuriste d’interprétation.
Luis de Alcazar lui, apporta presque l’inverse. Son oeuvre intitulée Vestigatio arcani sensus dans Apocalypsi et publié après sa mort en 1614 met en avant ce que l’on appellera plus tard une vision prétériste de la prophétie biblique, selon lui, tout dans l’Apocalypse, à l’exception des trois derniers chapitres, fait référence à des événements qui se sont déjà produits. Cette interprétation ne permettant pas d’écarter explicitement les accusations de Martin Luther contre la papauté n’a pas été suivie.
Enfin, Roberto Bellarmine, cardinal d’Italie réaffirma les thèses futuristes développées par Ribera.
Malgré ces efforts, les thèses futuristes, incomprises tant par les catholiques que par les protestants tombèrent dans l’oubli.
Et puis …
Mais, 200 ans plus tard, un libraire de l’archevêque de Canterbury du nom de Samuel Roffey Maitland (1792-1866) découvrit l’ouvrage de Ribera et en adopta l’interprétation futuriste. Il publie plusieurs dizaines d’ouvrages qui influencèrent fortement l’Eglise Anglicane.
Un peu avant, un autre jésuite, Emmanuel Lacunza écrivit « La venue du Messie dans sa Gloire et sa Majesté » sous un nom juif: Rabbi Juan Josafat BenEzra. Ce livre reprend les thèses futuristes de Ribera avec le même objectif de rejeter loin de la papauté les accusations d’antichrist. Ce livre a été traduit et republier en 1827 à Londres par Edward Irving, un pasteur anglais.
L’effet fut immédiat: les thèses futuristes sont validées par un (faux) docteur juif, il n’en fallu pas beaucoup plus pour convaincre une large partie de l’église.
Par la suite, John Nelson Darby, adepte de Samuel Maitland, pasteur évangélique, quitte la communauté anglicane pour les assemblées des frères. Son influence très importante dans les milieux protestants en Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis lui ont permit de créer de nouvelles assemblées dans lesquelles se développèrent les théories futuristes de l’apocalypse.
Ainsi les enseignements de Darby arrivèrent à Cyrus Ingerson Scofield. Ce pasteur écrivit une des bibles d’étude les plus répandues au monde, notamment dans les écoles bibliques. Les commentaires de cette Bible ont ainsi largement influencés les pensées dispenstionalistes actuellement présentes dans les églises évangéliques.
Donc ce que je viens de vous raconter ne sont que des évènements factuels (certes un peu raccourcis). Les sources historiques sont légions sur internet et j’invite chacune et chacun à faire ces propres recherches.
Jusqu’ici rien ne nous dit si ce jésuite, Ribera, avait tord ou raison quand à son interprétation futuriste de l’apocalypse. Mais l’on connait de façon certaine ses motivations.
Pourquoi cet article?
Eh bien pour sonder pourquoi nous croyons ce que nous croyons. Bien souvent nous disons comprendre la Bible, or nous nous ne comprenons de celle-ci que ce que nous en … comprenons.
Il nous faut rester humble face à nos croyances, révélations, compréhensions, sans tout accepter, sans tout rejeter non plus … un exercice pas facile.
Par contre lorsque nous sommes connectés à Christ en nous, donc à La Parole, nous pouvons nous assurer de nos croyances.
Maintenant, je peux comprendre que celles et ceux qui attendent ardemment le retour de Jésus et l’enlèvement de l’Eglise soient un peu contrariés par cet article. Ce n’est pas le but premier de celui-ci.
Mais l’on peut se poser les questions suivantes:
- Suis-je prêt à ne pas vivre le retour de Jésus et l’enlèvement de l’Eglise? En effet, de parfaits grands leaders chrétiens ont prêché toutes leurs vies avoir eu des visions de ces temps et qu’ils les vivraient … Et pourtant, beaucoup d’entre eux sont partis de l’autre côté de la vie depuis.
- Si enlèvement il y a, sur quels critères serais-je enlevé? Je suis enlevé parce que je suis en Christ ou parce que je crois l’enlèvement de l’Eglise et à certaines conditions du retour de Jésus?
Loin de moi la volonté d’enseigner, d’influencer ou même de convaincre, mais je pense que nous avons ici une perche à saisir pour éprouver nos croyances sur le sujet.
Merci pour attention et n’hésites pas à lire les autres articles du site.